Famille Rolin

Nicolas Rolin

En 1435, et on ne sait dans quelles circonstances, Oricourt a changé de maître. Le chancelier du duc de Bourgogne, Nicolas Rolin, s’est approprié le château et la seigneurie, attiré, semble-t-il, par la terre domaniale de Montjustin. II accroît ainsi le nombre de ses biens au comté de Bourgogne, où il possède déjà Présilly, Ougney et Roche-sur-l’Ognon. Il détient jusqu’à une trentaine de châteaux sur l’ensemble de la Comté et du duché.

Nicolas Rolin

Lithographie d’E. Nesle d’après Jan van Eyck

Issu de la bourgeoisie d’Autun, ce jeune avocat accède rapidement aux plus hautes fonctions. Âpre au gain, il amasse une fortune immense, profitant de son crédit auprès du duc. Homme d’état respecté et diplomate avisé, il réussit à rétablir la paix entre la Bourgogne et la France, par le traité d’Arras en 1435. Mécène et bâtisseur, il commandite des merveilles. Avec sa troisième épouse, Guigone de Salins, il fonde l’Hôtel-Dieu de Beaune. Chaque année, la célèbre vente aux enchères des vins des Hospices permet à cet établissement de maintenir sa vocation charitable.

Sa vie et sa carrière ne sont pas sans rappeler celles du chancelier Granvelle. À la fois craint et haï des grands féodaux, il s’emploie à bien installer ses enfants, y compris les bâtards, recherchant de riches alliances. L’aîné, Jean, né du second mariage avec Marie de Landes, est cardinal-évêque d’Autun, où il fait rebâtir la cathédrale détruite par un incendie. Il est aussi prieur commendataire du prieuré de Marast. Philippote, la cadette, épouse en 1427 Guillaume d’Oiselay, seigneur de La Villeneuve, dont la famille est issue, au XIIIe siècle, des comtes de Bourgogne.

La Vierge au chancelier Rolin
Jan van Eyck, 1435.

L’un des tableaux les plus connus et représentatifs de la peinture flamande du XVe siècle. Il représente le chancelier Nicolas Rolin, agenouillé et en prière, face à la Vierge à l’Enfant. Aujourd’hui, il est en bonne place au musée du Louvre.

Ses successeurs

Nicolas Rolin meurt à Autun en 1462, à l’âge de 86 ans. Le partage de ses biens attribue Oricourt au benjamin, Guillaume, seigneur de Beauchamp, de Ricey et autres lieux. C’est vraisemblablement lui qui fait élever une belle résidence au goût de l’époque, contre la courtine nord du château. Il semble attacher de l’importance à ce fief dont il prend de nombreuses fois le titre. En 1473 il se qualifie de Seigneur d’Oricourt. En 1466, ce lieu très convoité est saisi à la demande de Philippote, en garantie de la rente à vie que devait lui verser son frère Guillaume.

Après la mort de Charles le Téméraire devant Nancy, Guillaume, comme beaucoup de nobles bourguignons et comtois, se laisse séduire par le roi de France, Louis XI. En récompense, il reçoit en 1484, les revenus de la terre de Montjustin. À cette date, il avait déjà transmis le château à son fils François. En effet, souvent en procès et ruiné par la guerre, Guillaume protège ses biens de ses créanciers. Un peu plus tard, François cède Oricourt à son cousin Antoine d’Oiselay, le fils de Philippote, qui prend le titre de Seigneur d’Oricourt en 1494.